Je suis chercheuse en sciences sociales au CNRS, spécialiste du rapport au passé dans la société contemporaine. De la “mémoire” pour le dire vite.
J’ai l’habitude de publier des livres, arides et lus par quelques-uns de mes collègues de par le monde. J’écris également des articles “scientifiques” en ce qu’ils répondent à des critères précis, et exigeants, édictés par ma communauté professionnelle.
Ces écrits nécessitent plusieurs années pour être élaborés. Ils demandent du temps pour être produits d’abord : formuler des questions de recherche qui établissent un décalage avec l’évidence des apparences, établir des données pertinentes pour les traiter et, enfin, administrer la preuve avec rigueur. Du temps pour être évalués ensuite. Cette évaluation, anonyme et faite par mes pairs, est le gage de la cumulativité de la connaissance en sciences sociales comme dans le reste du champ scientifique.
Les chroniques rassemblées sur ce blog ne sont pas des écrits scientifiques. Elles sont écrites par une scientifique. Les écrire répond à un besoin ressenti avec force depuis un certain temps déjà, bien au-delà de la question à laquelle elles se limiteront.
Aujourd’hui, en France comme ailleurs, sociologues, historiens, politistes et autres anthropologues s’interrogent, étudient, reformulent les questions que la société se posent sur elle-même et vont parfois jusqu’à y répondre. Un des enseignements des attentats qui ont marqué la France en 2015 est que leurs travaux sont souvent inconnus, peu lus et rarement suivis d’effet.
De multiples obstacles sont à l’origine de cette situation. Et je n’ai pas la prétention de les lever. Le temps de ces chroniques, je souhaite juste réfléchir à haute voix avec le lecteur en espérant le faire, à son tour, réfléchir.
Sarah Gensburger
3 janvier 2016, 11ème arrondissement de Paris
Contact : quartierdubataclan@gmail.com