Reconquête (19/06/2016)

Le 17 juin au soir, des panneaux Decaux et une colonne Morris ont fait leur apparition sur la place de la République.

Ce mobilier urbain doit servir de support à une exposition organisée par la ville de Paris et le Haut Commissariat aux Réfugiés. Il s’agit de donner à voir des visages de réfugiés et, j’imagine, de donner envie aux Parisiens de les accueillir.

Pour qui observe l’espace de la place depuis plusieurs mois, ce surgissement sonne comme le signe d’une volonté de reconquête municipale de l’espace public. Il va ainsi de pair avec le nettoyage récent et la réouverture de la ludothèque, à sa capacité désormais maximale, ce matin. Installée depuis la piétonnisation de la place, la ludothèque ouvrait en effet jusqu’ici de manière partielle et irrégulière.

L’installation de ce dispositif d’exposition confirme, par ailleurs, la répartition symbolique de l’espace de la place. L’Ouest de la place est bel et bien l’espace du pouvoir et des institutions, nationales comme municipales. Outre cette exposition qui mobilise le mobilier urbain traditionnel, c’est dans cette partie que se trouvent l’arbre et la plaque commémorative inaugurés par François Hollande en janvier 2016, que se situe le café, concession de la ville, dont le nom est désormais la devise officielle de Paris, “Fluctuat Nec Mergitur”, et, enfin, qu’a eu lieu la manifestation des policiers le 18 mai dernier.

A l’inverse, l’Est reste le lieu de la contestation et de la subversion politique. Il n’est donc pas surprenant que dès hier matin plusieurs panneaux avaient fait l’objet de tags critiques destinés à détourner le dispositif municipal : “Expulsés par Hidalgo”, “Expulsés tous les jours”, “Réfugiés à Paris à la Rue”.

Panneaux 3

 

Ce dimanche matin, les inscriptions avaient été effacées.

Sur la place, la façon de reconstruire un espace public, certes possiblement conflictuel mais non clivé a priori, reste visiblement encore à trouver.

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